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fille se tirant dans la tête - Banksy
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Errance du Vicomte pourfendu dans les rues de San Francisco

fille se tirant dans la tête - Banksy

Je vous ai dit que j’avais mal à la tête ? Non, pas là maintenant, mais souvent … Je suis ce que la médecine appelle « une grande migraineuse ». Il y a un peu plus de dix ans j’ai rencontré un neurologue qui, après auscultation, a laissé tomber ces chiffres sur mon crâne, des paroles que je n’oublierai jamais : « 20% de la population souffre de migraine, 20% de population souffre de céphalées de tension, 2% souffre des deux … vous faites partie des 2% !  » Bon autant vous dire que je me suis abstenue d’aller jouer au loto en sortant de l’hôpital. Il y a deux ans, mes maux de tête ont empiré et cette fois ci, c’est une névralgie qui a été diagnostiquée … et je crois bien que ce jour là, on a créé des stats juste pour moi !

La migraine est une pathologie invisible et particulièrement fourbe : on ne la voit pas, on ne la comprend pas. Les « autres », ceux qui n’ont jamais eu mal à la tête (parce qu’apparemment ça existe!), ne comprennent pas à quel point la migraine peut être handicapante, à quel point elle peut torpiller une vie. Et c’est pourquoi, il arrive toujours un moment où l’on entend quelqu’un dire : « vous savez la migraine, c’est beaucoup dans la tête »… ce à quoi j’ai toujours envie de répondre « oui, un peu comme ma main dans ta gueule connard  » !!

Je ne nie pas la part psy de la migraine, chacun somatise d’une façon ou d’une autre, certains devant un choc, des soucis, etc., vont avoir mal au dos, d’autres au ventre, d’autres vont faire de l’eczéma, moi, j’ai mal à la tête. Mais ce n’est pas que dans la tête, la preuve, 60% de mes maux de tête ont disparu avec la prise quotidienne de beta-bloquants, or ces derniers agissent sur le système cardio-vasculaire et non pas sur mon humeur.

Aujourd’hui, grâce à ce traitement, grâce à l’homéopathie, l’acupuncture et une hygiène de vie monacale, je réussis à les gérer … enfin plus ou moins, il y a des mois durant lesquels je n’ai à affronter que deux petites migraines et d’autres où je m’en cogne six (en passant, sachez qu’il est très important de noter ses migraines et le nombre de cachets avalés afin de ne pas devenir en plus toxicomane – ce ne sont pas des conneries !) … Aussi, quand nous partons en voyage, nous savons qu’inévitablement il y aura un journée foireuse.

Ainsi, si j’ai traversé le Golden Gate en mode Happy – It’s a beautiful day – I Love my Life – I can die tomorrow, et je me suis levée le lendemain en mode Very Bad Trip – It’s a bad day – I Hate my Life – Kill me please !

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Je rêvais de San Francisco depuis des années, et le premier jour d’exploration j’avais la tête à l’envers, j’étais blasée. Tel le vicomte pourfendu, j’étais coupée en deux, mon côté droit (ND : celui du mal dans le livre d’Italo Calvino) n’était que souffrance alors que mon côté gauche n’était que joie de vivre et soif de découverte. Ce qui est un peu flippant dans la migraine, c’est sa symétrie parfaite : un côté ne prend jamais le pas sur l’autre, aussi il est tout aussi difficile pour mon côté gauche d’entraîner mon côté droit dans la vie, que pour mon côté droit d’entraîner mon côté gauche dans la souffrance. Mais il était inenvisageable que je passe la journée à me morfondre au fond du lit. J’ai pris un cachet et s’il a stoppé l’évolution de la douleur, il ne l’a pas fait disparaître, je me suis levée, j’ai tenté un petit-déjeuner, je n’ai pas vomi : j’ai donc commencé à penser que la journée pouvait être supportable … (oui on se rattache à peu de choses dans ces moments là !).

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Il était 7h30, je savais que j’en avais jusqu’à 17h-18h… car si la migraine est une garce, elle est très à cheval sur les horaires, elle repart comme elle est venue entre 17h et 18h, je suppose qu’elle va casser la tête à quelqu’un d’autre à ce moment là.

C’est donc à la fois piteuse et enthousiaste que j’ai attaqué San Francisco. Nous avons marché d’Hayes Valley à Union Square, et devant la foule qui se pressait pour monter dans le Câble Car, nous avons décidé de monter au sommet de Nob Hill à pied. Bien entendu au bout de quelques mètres à marcher sur une pente à 90°, Nounou a demandé à être portée. J’ai alors pris ma grande fille de 4 ans et demi, et ses 17 kilos, sur le dos dans le porte-bébé … un effort quasi héroïque qui a eu l’effet salvateur de me faire oublier un temps la migraine.

Ce jour là, émerveillés par chaque rue, chaque maison, chaque quartier, nous avons marché plus de 11 kilomètres …

Passez la souris sur les photos pour faire apparaître les descriptions.

A 17h, nous sommes retournés au B&B, je pense qu’ à ce moment là mon crâne était à deux doigts de l’autodestruction. Si le côté gauche avait réussi à prendre très légèrement le dessus une bonne partie de la journée, en milieu d’après midi le côté droit avait fini par assommer son voisin à coup de batte de Baseball virtuelle … aussi me suis- je étalée dans le lit telle une serpillière au fond d’un cagibi obscur. Dans son immense bonté, Jac a amené les filles au parc (je ne l’en remercierais jamais assez) et j’ai réussi à dormir une heure … le temps pour la migraine de faire ses valises et de trouver une autre âme à tourmenter.

Malgré mon mal de tête, malgré mon œil droit qui a tenté de quitter son orbite à plusieurs reprises et malgré mes cervicales qui ont joué aux osselets toute la journée, j’ai réussi, dans les rues de San Francisco, à surmonter la douleur. Mais ce n’est pas toujours possible de se battre, parce qu’on est fatigué, parce que la douleur déclenche des vomissements, ou tout simplement parce qu’on n’a plus envie de lutter contre un mal invisible et inexplicable.

La migraine épuise physiquement et psychiquement … alors la prochaine fois qu’un de vos proches à mal à la tête, foutez lui la paix.

NB : Ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas le seul article concernant San Francisco, d’autres plus joyeux sont à venir 🙂

14 comments
  1. famillefrancetrotteuse

    La migraine c’est vraiment un truc qu’il faut vivre pour comprendre. J’en ai souffert étant plus jeune (moins que toi tout de même tu détiens la palme d’or dans la catégorie Migraine !!) donc je comprend parfaitement ce que tu peux vivre !!
    Heureusement dans mon cas cela est passé miraculeusement après mes grossesses…a croire que la migraine c’est dit que j’avais ma dose avec les cris mélodieux nocturnes de mes enfants :))
    Pour en revenir à San Francisco c’est vraiment top j’espère avoir la chance un jour de découvrir cette partie des USA.

    1. fish & child

      oui pendant ma 1ere grossesse, on m’a dit que parfois les migraines disparaissaient après mais parfois empiraient… bon bien sûr, tu l’as deviné, elles ont empiré chez moi… sinon ce serait pas drôle ! en tout cas, ça fait plaisir de savoir que certains s’en sortent !
      Et San Francisco c’est magique, je te souhaite de découvrir cette ville un jour, j’en reparlerais bientôt de toute façon 🙂

  2. Chacha Aventurière

    Depuis que mes hormones se sont mises à ne plus suivre mon horloge biologique, je sais ce que sais d’avoir une migraine … réguliérement.
    Avant en général,notre 1er jour de voyage était synonyme de mal de tête. Pourquoi ce jour là, va savoir Charles, peut être etes ce dû a un coup de stresse . Cétait une journée de souffrance, une souffrance qui finissait 9 fois sur 10 à 4 pattes dans les toilettes en fin de journée.
    Depuis elles sont de plus en plus nombreuses, insineuses reconnaissable au 1er symptone.
    Oui ma pauv’ poulette, je te comprends ! Courage xxoxo

    Super série de photos encore sur San Francisco t’as eu plus de « chance » (enfin) sur le plan météo que moi. J’étais gelée ! Je veux y retourner ouiinnnn

    1. fish & child

      oui on a eu super beau temps à San Francisco, ça c’était cool !
      et sinon je dois avouer que je ne vois pas d’un très bon oeil les changements hormonaux qui m’attendent dans les prochaines années…j’ai comme l’intuition que je vais déguster !! et moi aussi, généralement j’ai mal à la tête le 1er jour des vacances surtout si je prends l’avion… c’est pas facile la vie de globe-trotteuse-migraineuse 🙂

  3. voyageuse31

    Je fais partie de celles qui n’ont jamais (enfin très très rarement) mal à la tête. Oui, je sais, j’ai de la chance… mais je peux comprendre et je ne me permettrai jamais de juger l’intensité d’une douleur. Quant à mes 2 visites de San Francisco, je n’ai pas eu de chance et j’ai eu une météo pas terrible qui ne m’en a pas laissé un très bon souvenir. Bref, je fais aussi des rares personnes qui n’ont pas eu de coup de coeur pour SF. Il faudra que j’y retourne !

    1. fish & child

      tu n’es pas la première à me dire que San Francisco les a déçu… souvent c’est effectivement la météo qui leur gâché la visite… on a eu de la chance il a fait beau les 4 jours par contre, en dehors de ce jour là (le bad day) où il faisait chaud, les autres jours on a dû sortir les polaires … en plein mois de juillet !
      sinon concernant la migraine, et bien que le dieu des voyages t’en préserve ! 🙂

  4. Virginie c.

    Je connais pas la migraine, mon problème c’est le bide… des l’avion j’ai des soucis (tant qu’on est dans nos pbs!) Mais t’as raison faut pas se laisser faire ! Un bon porté d’enfant ca remet en forme!!

    1. fish & child

      oui voilà chacun porte sa croix… que ce soit la tête, le ventre, le dos…etc. Les enfants sur le dos ça doit pas être terrible non plus avec le bide en vrac …

  5. amiotlaurieLaurie

    Hoooo comme je te comprends! Grande migraineuse que je suis, et ce sentiment (quand on voyage) de frustration de ne pouvoir profiter à fond à cause de ce mal de tête qui tape à chaque pas..
    Superbes images de San Francisco sinon! 🙂

  6. Lili

    Je n’ai eu que des toutes petites migraines quand javais la vingtaine donc je ne connais pas (et c’était déjà bien assez douloureux). ça fait vraiment parti des maux non compris au même titre que les maux de dos. En voyage, ça doit être l’horreur. Je compatis et trouve intéressant de partager ton expérience. Bizz

    1. fish & child

      les récits de voyages font la plupart du temps rêver or c’est important je pense de montrer aussi que voyager n’efface pas les problèmes… ces derniers nous suivent où que l’on aille ! malheureusement !

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