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musée spiktri
France

Soigner sa bougonnerie en Spi.k.tri

musée spiktri

Notre visite au musée Spiktri à Ferrals-les-Corbières est l’aboutissement d’une longue réflexion personnelle sur notre quotidien, dont la source remonte à un séjour parisien assez pénible. Vous ne voyez pas le rapport ? Vous voulez que je vous explique tout en détail ? (Foule en délire : ooh oui !!)

Alors, voilà : tout a commencé par une chute. (avouez que vous ne l’aviez pas vu venir, celle-là !)

L’histoire de la chute

Ces derniers temps, j’étais extrêmement bougonne. Et, ce n’est pas dans mon caractère de me conforter dans cet état, mais il n’y avait rien à faire, la bougonnerie me collait au corps comme une sangsue anémiée.

Pourquoi tant de mauvaises ondes dans un mètre soixante-deux, me demanderez-vous ?

Déjà, parce que je me suis cassée une côte, et je peux vous assurer que ça ne rend pas aimable.

Comment me suis-je cassée une côte ? (si vous avez cru un instant que vous pourriez échapper à ce récit, vous vous êtes mis le doigt dans l’œil) Et bien, je sortais de chez moi, et j’ai raté la marche devant la porte. (Jusque là, vous vous dîtes que ça ne valait pas forcément la digression, mais attendez, ce n’est pas fini.) Mes parents venaient nous chercher, les filles et moi, et leur voiture était garée devant la maison ; aussi, quand j’ai raté la marche, je me suis écrasée comme un sac à l’intérieur de la voiture. J’ai littéralement plongé sur le siège arrière. Sauf que le siège arrière a des accoudoirs, et je me suis écrasée de tout mon poids sur ces derniers. J’ai senti mes côtes plier (là, vous venez de faire « aaaah » en vous tenant les côtes, je le sais) et une douleur sourde a envahi mon pauvre petit corps.

C’est ainsi que ma bougonnerie a commencé.

Une semaine plus tard, je devais être à Paris pour animer 3 conférences dans un salon professionnel, et c’est comme ça que ma bougonnerie s’est installée.

L’histoire du séjour parisien

C’est bien connu, quand le quotidien a décidé de vous torturer, il vous envoie à Paris. Et, c’est donc à me tenant très fort les côtes gauches que je suis arrivée dans la capitale il y a quinze jours. Je passe sur la galère pour trouver le RER D sur la voie qui indiquait le RER A, sur ma perdition durant 20 minutes dans des couloirs en travaux de la gare du Nord, et sur l’accueil glacial du mec de l’hôtel.

Paris, enfer et damnation.

Les matins suivants, je me suis tapée 15 minutes de marche et 35 minutes de métro pour aller donner mes conférences. Et, si j’étais contente de retrouver des clients, des stagiaires et autres collaborateurs, la souffrance était telle que je n’avais qu’une envie : retourner au fond de mon lit.

Le mardi soir, j’ai eu l’idée folle d’aller manger avec des amies. Erreur fatale. Une côte cassée + un rhume (oui parce qu’entre temps j’avais choppé le rhume de ma fille) + des éclats rire… j’ai fini la soirée (à 21 h) dans les pires douleurs.

Le lendemain, je suis allée animer notre 2e conférence, et je suis rentrée me coucher à 14 h. (autre titre proposé pour cet article : Ma vie de vieille)

Là, je me suis reposée durant deux heures, et j’ai pris une grave décision (ceci est le point de bascule – là où tout commence… ou presque) : quitte à souffrir à Paris, autant en profiter un peu. 

J’ai donc remis un patch de Voltaren, et je suis sortie, bien décidé à me faire plaisir.

Je suis donc allée au musée.

(Quoi ? Vous pensiez que j’étais allée m’enfiler des mojitos à Pigalle ?)

Je suis allée voir la rétrospective Vivian Maier au musée du Luxembourg (que je vous recommande chaudement), et même si ce fut un peu fatigant, je réalisais que la visite m’avait fait du bien.

Aussi, avant de quitter Paris, je décidais de monter à Montmartre histoire que mon séjour soit presque une réussite. J’avais très envie de revoir le musée Montmartre, que je n’avais pas revisité depuis une dizaine d’années, et de découvrir l’atelier de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo qui n’était pas encore accessible lors de mon dernier passage.

Là encore, je sentis mon esprit s’aérer. Même si, mon corps, lui, se serait bien passé des marches du Sacré Cœur.

Aussi, je rentrais à Agde, un peu moins bougonne.

Sauf que…

Les histoires agathoises en bref

En l’espace de trois jours, une de mes voisines que j’aimais bien est décédée, un jeune homme s’est fait lyncher à mort à 500 mètres de chez nous, une pauvre dame s’est fait décapiter dans une zone résidentielle. Ces faits n’ont bien sûr rien à voir les uns avec les autres, mais ça fait beaucoup en seulement quelques jours.

Aussi, vendredi, alors que j’en étais à envisager d’aller vivre à Niort, j’ai vu passer une publication sur Facebook qui parlait d’un lieu dédié au street art, en plein milieu des Corbières, dans l’Aude. Renseignements pris, je décidais que dimanche nous irions nous changer les idées au musée Spiktri.

Car, comme mon séjour parisien me l’avait appris : quand tu es au fond du seau, va au musée.(j’aurais vraiment aimé trouver une rime, mais je n’en ai pas trouvé… [emoji déçu])

L’histoire de notre visite au musée Spiktri

Oui, alors, je sais, 815 mots pour introduire cette visite, c’est un peu beaucoup, mais c’est bon, vous êtes arrivés : la visite commence.

(je suis navrée, je n’ai que des photos de téléphone, donc dites-vous que c’est encore mieux en vrai)

Après avoir mangé rapidement dans un petit restaurant choupinou du centre-ville de Narbonne (en fait, on a mangé à Buffalo Grill en périphérie, mais ça ne colle pas avec mon image de marque), nous nous sommes rendus à Ferrals-les-Corbières, qui, comme son nom l’indique, se situe dans les Corbières.

Le musée est installé dans l’ancienne cave coopérative du village qui a été abandonnée en 2007. Le lieu est aujourd’hui la propriété de l’artiste Spiktri et de son collectif Gangsea (j’espère ne pas dire de bêtise, mais c’est ce que j’ai compris). Ils ont investi les lieux en 2019, et, pendant 18 mois, ont œuvré pour redonner vie au site tout en intégrant les éléments viticoles à leur travail artistique. Le résultat est incroyablement harmonieux, et c’est un vrai amusement pour les visiteurs de pénétrer dans une cuve à vin, par exemple, et d’y rencontrer le diable.

Le lieu est décomposé en 3 partis et 18 planètes : l’univers spiktronien.

Le premier bâtiment est dédié à Spiktri (prononcé Spi-K-Tri et non Spiquetri) uniquement. Sur 4 niveaux, 4 planètes, à travers lesquelles l’artiste nous expose sa vision du monde, son évolution artistique, et présente les artistes qui l’ont inspiré.

En arrivant au « Gangstarium », le Paradis du gang des artistes, on est immédiatement saisi par le travail des sculptures en fer qui forme des ombres d’une précision hallucinante. Et, si au sous-sol, on est presque pris de malaise par la violence des œuvres, au 3e étage, on est bien, enveloppé par les hommages artistiques. Seule petite déception : la présence d’une seule femme au Paradis des artistes, Frida Kahlo. Mais que voulez-vous, l’histoire de l’art a été écrit par des hommes…

Le deuxième bâtiment est immense, les œuvres sont partout, et l’œil a des difficultés à tout voir. Conçu par Spiktri et l’artiste Azba, cet espace est fou, et il est assez difficile de le décrire tant les œuvres, les graffs, les sculptures, se bousculent. En même temps, comment décrire 12 planètes sur quelques lignes de blog ?

Le dernier bâtiment, bien que rapide à visiter, est assez spectaculaire puisque les éléments centraux des œuvres sont les anciennes cuves à vin. Ici, dans ce dernier espace, on rêve d’un futur en couleur, tout en parcourant un monde violent et sombre celui de nos 8 pêchés capitaux (je laisse en suspens ce point pour que vous ayez la curiosité de chercher le 8e) : c’est bien notre quotidien étalé sur les cuves.

Tous ces espaces sont pensés, d’après moi (et ce n’est que mon avis), comme le théâtre-musée de Salvador Dali. D’ailleurs les références à Dali sont omniprésentes, et le musée de Figueras est étrangement mentionné sur le flyer qu’on vous remet à l’entrée.

Il y a tant de choses à voir, qu’on pourrait finir par croire que les œuvres ont été posées là un peu au hasard, mais il suffira d’un pas en arrière, ou sur le côté, pour découvrir la mise en scène qui se trouve derrière chaque objet. Comme au théâtre, les visages racontent une version de l’histoire, les objets sont détournés, la vie est mise en perspective.

Ce serait mentir que de vous dire que ma famille a accueilli l’idée de la visite avec intérêt et enthousiasme. J’ai dû faire du chantage à mes enfants (qui êtes-vous pour me juger ?), et promettre une dégustation de vin à mon mari pour les amener jusqu’à Ferrals.

Mais, finalement, tout le monde a été ravi du déplacement, même ma pré-ado chérie, et on a passé un très chouette moment dans cet univers parallèle.

Alors, n’hésitez pas à y aller si vous passez dans le coin … et peut-être qu’à vous aussi, ça vous fera passer un peu votre bougonnerie !

Plus d’infos : https://spiktri.com/

NB : Vous avez été nombreux à m’avoir demandé sur Instagram si ça valait les 20 € d’entrée, donc je vous le dis, oui ça les vaut. Déjà, parce que le lieu est privé, et il faut bien l’entretenir et payer les gens qui y travaillent, et ensuite, parce que c’est tout de même 3 heures de visite qui vous attend, et vous pouvez être sûrs que même en y passant 3 heures, vous n’aurez pas tout vu.

Musée Spiktri - graff Azba

 

12 comments
  1. argone

    ma pauvre, j’espère que tes côtes vont mieux … il paraît que c’est très douloureux en effet ! (et ce genre de tuile tombe toujours mal, c’est vrai … bravo d’avoir assuré pour tes conférences) . Tu m’avais bien fait envie avec tes photos de ce lieu sur instagram, je l’ai noté dans mon calendrier pour y faire une petite visite quand ça rouvrira l’an prochain … si tu viens dans les environs de Moulins, je te conseille Street Art City, c’est assez dingue aussi.

  2. Paule-Elise

    C’est toujours un plaisir de te lire et de découvrir de nouveaux endroits avec ta tribu et toi ! Ça a l’air vraiment super ce lieu, on aurait envie de s’y perdre. Merci pour la découverte ! (Et j’espère que ta côte va mieux. Je me sens coupable que tu aies eu si mal après notre soirée à Paris. J’essaierai d’être moins drôle la prochaine fois )

    1. mitchka

      Ma côte va mieux, mais je commence tout de même à trouver le temps long … Mais enfin, il n’y a pas de culpabilité à avoir, je savais à quoi je m’exposais à venant : à passer une bonne soirée ^^

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